Quel est votre parcours ?
J'ai démarré dans la grande distribution, pratiquement à la sortie de l'armée, dans le groupe Sodim à l'époque, qui a été racheté par La Ruche Méridionale, puis par Casino. J'ai commencé comme chef de rayon fruits et légumes au supermarché Sodim de Saint Gilles, avant de prendre le même poste au Sodim d'Auriol puis de Marseille Saint Génis. Pendant ce temps, mon épouse était chef de rayon crèmerie à Auriol, donc nous nous connaissions déjà avant de nous lancer ensemble. Un manager nous a proposé une opportunité de prendre une petite boutique en succursale, étant donné que nous étions tous les deux dans le métier. Grâce à notre expérience du système, le stage succursale nous a été facile. Nous avons pris le risque de devenir les premiers gérants de la boutique des Saintes Marie de la Mer pour Casino en 1992. C'était un véritable pari, car ils ne confient pas facilement des boutiques à des nouveaux gérants. Jusqu'en 2018, nous avons mené notre carrière de co-gérants mandataires avec succès.
Et pour la reprise de la boutique ?
En 2018, j'ai été informé par Casino que le magasin pouvait potentiellement devenir franchisé. Cela ne m'a pas surpris car j'étais conscient des difficultés auxquelles faisait face Casino. J'avais déjà anticipé cette situation en préparant mon dossier auprès de la banque. J'avais une idée claire de ce que je voulais faire dans ce magasin, mais en tant que gérant mandataire, j'étais un peu limité et je ne pouvais pas valoriser suffisamment le potentiel du magasin. Casino nous avait proposé soit une location de gérance, soit l'acquisition, et nous avons choisi la seconde option. Depuis que nous avons pris le contrôle, le chiffre d'affaires du magasin a connu une forte progression. En fait, il a plus que doublé depuis que nous l'avons repris. Tout va donc pour le mieux !
Comment avez-vous connu Initiative Pays d'Arles ?
Je suis ravi de partager comment j'ai découvert Initiative Pays d'Arles. Tout a commencé lorsque Monsieur Didier Honoré, de la Chambre de Commerce du Pays d'Arles, m'en a parlé. Ensuite, Monsieur Frédéric Robert, chargé d'affaires au sein de la plateforme, a pris le relais et a été extrêmement utile pour comprendre mes besoins et mes attentes. Il a tout organisé pour moi et j'ai juste eu à me présenter devant le comité et à leur parler de mon projet. Les experts étaient là et ont adhéré complètement à ma proposition.
Il se trouve que certains membres du comité étaient des clients de mon magasin, donc ils me connaissaient déjà et ont vu comment je travaillais. Ils m'ont soutenu à 100% et ont suivi le développement de mon projet de près. J'ai eu la chance d'avoir leur soutien total dès le début.
Initiative Pays d'Arles a été un partenaire précieux pour moi. J'ai eu recours à leur aide deux fois. La première fois pour une consultation sur mon projet, et la deuxième fois pour des travaux sur une chambre froide qui était trop petite. Les étals fruits et légumes étaient obsolètes et ne mettaient pas en valeur les produits, alors que je voulais développer au maximum ce rayon.
Comment gérez-vous les produits frais et leurs succès ?
Quand j'ai acheté le magasin, le rayon de fruits et légumes ne représentait que 6% des ventes. En 2022, les fruits et légumes frais ont représenté 16% du chiffre d' affaires annuel. Pour y parvenir, je loue un camion chaque mois et je me rends au marché de Saint-Etienne-du-Grès pour travailler avec les producteurs locaux. Nous proposons des produits frais locaux, mais les boissons restent notre produit phare, car elles représentent une grande partie de nos ventes, surtout en été. Bien que j'aimerais atteindre les 20% de fruits et légumes, je suis conscient que cela ne sera pas possible, car j'ai besoin d'une chambre froide plus grande, et je n'ai pas la place ni la structure pour cela. Je travaille également avec un ou deux restaurants qui recherchent des produits spécifiques, mais je ne veux pas en faire plus, car cela nécessiterait des livraisons et j'ai déjà du mal à gérer les commandes actuelles.
Et le covid ne vous a pas trop affecté ?
Pendant la période du Covid, j'ai continué à travailler sans relâche contrairement à d'autres malheureusement. Nous avons proposé des livraisons tous les après-midis, du mardi au vendredi, à partir de 50 € d'achat. Ces livraisons ont été très rentables pour nous, bien plus que la vente physique en magasin. Nous avons ainsi enregistré un chiffre d'affaires plus élevé grâce à ces commandes à distance, où nous pouvions livrer entre 15 et 20 clients avec notre camion.
Les années Covid ont été fructueuses pour nous, avec une augmentation de notre chiffre d'affaires comprise entre 17 et 27%. Mais je sais que cela ne va pas durer éternellement, c'est pourquoi je cherche constamment à diversifier notre offre et à ajuster nos produits pour répondre aux hausses de prix et aux nouvelles demandes de notre clientèle.
Des perspectives d'avenir pour le Casino Shop ?
J'ai plusieurs projets pour l'avenir et c'est bon signe ! D'ici deux ans, j'aurai fini de payer mon fonds de commerce, ce qui me permettra de contracter un nouveau crédit pour changer les meubles de produits frais. Ce sont des investissements assez coûteux, notamment pour un meuble plus haut, que je devrai déplacer vers l'entrée du magasin. Maintenant que je travaille avec des meubles fermés, je n'ai plus à m'inquiéter de la chaleur, ce qui me donne plus de flexibilité. J'ai encore de beaux projets en tête et je ne vous oublie pas !
Des conseils pour ceux qui souhaitent se lancer ?
Il est essentiel de croire en son projet, c'est la clé de tout. Il faut donner le maximum et ne pas regarder le temps passé car cela peut être long. Ce qui est vraiment gratifiant, c'est de mettre la clé dans la serrure le matin et de réaliser que je suis chez moi, en train de créer mon entreprise à mon image. Ce qui me plaît le plus, c'est d'aider les gens, de prendre soin de la mamie qui fait ses courses et de l'aider à porter ses sacs chez elle, car elle habite juste à côté. Pour moi, c'est plus qu'un simple métier, c'est une passion. Nous offrons un service client exceptionnel, contrairement aux grandes surfaces qui ont tendance à perdre leur côté humain.
